Mystère "Mister K."

Petit focus sur la ligne de fuite de Mister K. de Sylvie Meunier.

 

Livre photographique, photo book, roman photo d’un nouveau genre, mais surtout véritable livre d’artiste à mon sens, Mister K. témoigne d’une possible utilisation artistique réussie des photographies trouvées (de famille, amateur, snapshots, vernaculaires). En s’affranchissant du seul regard anthropologique, de la constitution de séries sans paroles, de la recherche de l’unique photo insolite, etc., Sylvie Meunier, mais aussi d’autres artistes, prend parti. Tant mieux !

 

Avec Mister K., on embarque dans un road-trip très noir (et blanc), parfois éprouvant, traversé par un sentiment de culpabilité où s’entremêlent fantômes, souvenirs et illusions. Tout est image, tout semble mirage, même si, en contre-point, un texte composé de petits paragraphes, phrases ou mots, grave de manière cadencée la voix du narrateur. 

Les « illustrations » ont la particularité d’être des photographies anonymes, photographies de famille, snapshots qui renvoient justement à leur étonnante mémoire qui nous poursuit. Recadrées, agrandies, retravaillées, elles créent un superbe et subtil décalage narratif, tout en devenant aussi des objets esthétiques en soi. Tous ceux qui manipulent ce type matériau photographique savent qu’en les scannant, on y découvre des détails incroyables et des angles étonnants.

 

La réussite de ce genre d’ouvrage dépend beaucoup de sa composition, de son graphisme et de sa gravure. Dans ces registres, on ne peut que saluer la très belle qualité du travail accompli.

 

 

Sylvie Meunier, MISTER K, Paris, Atelier EXB, 2024.

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